L’agriculture à la houe implique le fait de casser la surface du sol avec une houe plutôt qu’avec une charrue ou un « rotavator » (fraise rotative). A partir de là, plusieurs choses interviennent. En premier lieu la traction animale d’une ferme travaillée à la houe est l’agriculteur lui-même ou elle-même. Cela conditionne une forme d’agriculture plus intelligente et plus économe : si l’agriculteur fait tout le travail lui-même ça n’est pas dans son intérêt de faire plus qu’il n’en est nécessaire, le travail sera fait avec plus d’attention et de précision qu’il n’est possible par l’utilisation d’un animal ou d’une machine. De plus, le concept de ferme devient bien plus simple – l’agriculteur produit des aliments pour lui-même et sa famille et la famille travaille également sur la ferme – sans complications extérieures. Quand la traction animale est employée pour faire le travail, plus de terres sont nécessaires pour produire de la nourriture pour l’animal qui plus est se trouve être de grande taille que ce soit un cheval, un âne ou un bœuf ; pour justifier cet espace supplémentaire, l’animal doit être occupé, ainsi plus de cultures que nécessaires sont implantées, du surplus est produit et doit être vendu, l’agriculteur n’est plus simplement à produire de l’aliment pour combler ses propres besoins mais se trouve alors impliqué dans le commerce agricole. Avec l’aide d’un tracteur cela devient encore plus complexe : l’agriculteur n’a pas besoin de plus de terrain pour nourrir son tracteur mais quelqu’un, quelque part, doit forer pour extraire du pétrole, le raffiner en combustible utilisable par le tracteur et quelqu’un doit faire fonctionner l’industrie de construction des tracteurs. L’agriculteur doit avoir l’argent pour acheter le tracteur et le fuel, et se trouve dans une situation bien éloignée du simple processus de produire de l’aliment pour sa propre famille.
Tout ceci a des conséquences, maintenant invisibles au niveau des pays européens : quand un terroir est cultivé par la houe, le travail est fait par l’agriculteur et il ou elle forme le paysage pour l’adapter à ses propres besoins personnels. Cela veut dire que les champs doivent être de petites tailles, en terrasses et entourés de talus avec des arbres émondés. Les nouveaux champs seront de faibles superficies, les maisons construites à partir de matériaux naturels, autour desquelles se trouveront les champs les plus riches et les plus fertiles. Les chemins seront bordés d’arbres, juste assez larges pour permettre la passage d’une personne portant une charge de foin ou de bois par exemple. De plus, un paysage d’agriculture à la houe sera égayé par des fleurs sauvages, des oiseaux et toute sorte de vie sauvage – un sol fertile, des arbres, une échelle plus humaine de travail seront non seulement favorables aux humains mais aussi également aux plantes et aux animaux.
Lorsque sont utilisés des tracteurs ou des animaux, le paysage doit être façonné pour s’adapter à leurs besoins, la campagne cesse alors d’être aussi verdoyante et accueillante.
L’agriculture à la houe n’est pas uniquement un système pour cultiver de la nourriture mais aussi un moyen de vivre en harmonie avec la Nature, ce qui permet aux êtres humains de construire leur environnement propre où ils se sentiront chez eux.

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